Chemin de Croix avec le Cardinal Journet
extraits du livre « Comme une flèche de feu » (Editions Ad Solem)
I. Jésus est condamné à mort
Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, (Isaïe 53,5)
Dès que vous sentirez venir le trouble il vous suffira de regarder la splendeur infinie de Dieu
dans laquelle tous les nuages se dissipent. La souffrance il la permet toujours et elle est en Lui
quand on la reçoit de sa main. Mais le trouble est le signe qu'il faut le regarder plus en face.
Qu'il vous bénisse et vous pacifie le cœur.
II. Jésus est chargé de sa croix
Il n'était ni beau ni brillant pour attirer nos regards,
son extérieur n'avait rien pour nous plaire (Isaïe 53,2b)
Dieu nous fait comprendre qu'il y a toujours une part de son amour et de sa lumière cachée
dans chacune des croix qui surviennent soit du dehors soit du dedans, et qu'en serrant la croix
contre vous jusqu'à la briser contre votre cœur, il en partira des rayons. « Bien avare à qui
Dieu ne suffit », c'est le mot de Marie de l'Incarnation, celui qui a fait d'elle une sainte.
III. Jésus tombe pour la première fois
Il était méprisé, abandonné de tous,
homme de douleur, familier de la souffrance, (Isaïe 53,3)
Dites JÉSUS : dans ce seul mot, il y a le rappel de l'abîme d'en haut et du péché d'en bas.
Adhérez à Jésus par la foi. Ne doutez jamais de lui, n'oubliez pas qu'il est venu non pour les
bien-portants mais pour les malades et pour « sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10).
IV. Jésus rencontre sa mère
Comme quelqu'un devant qui on se voile la face,
nous l'avons méprisé, compté pour rien. (Isaïe 53,3b)
C'est étonnant de voir comment Dieu creuse le cœur des mamans pour sauver leurs enfants.
Mais comment douter que ces souffrances ne soient bénies et fécondes.
Mais cette souffrance est la pure signature de son amour; et ce oui que vous dites à JÉSUS
dans son agonie, est, plus que la promesse, l'entrée même dans l'épaisseur de sa mission
corédemptrice.
Laissez-vous étreindre par JÉSUS au moment de le recevoir dans son Eucharistie, même s'il
vous serre sur sa Croix en vous serrant contre son cœur. Et que la Vierge bénie des douleurs
vous prenne sous son manteau de lumière.
V. Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
Or ce sont nos souffrances qu'il portait
et nos douleurs dont il était chargé.
Et nous, nous le considérions comme puni,
frappé par Dieu et humilié. (Isaïe 53,4)
Chemin de Croix avec le Cardinal Journet
extraits du livre « Comme une flèche de feu » (Editions Ad Solem)
Les saints, ce sont ceux qui ne disent pas non à l'Amour quand il essaie de pénétrer en eux.
Alors ils font une immense famille mystérieuse, jointe par la grâce divine elle-même et entre
les membres de laquelle il y a réversibilité. Que l'un devienne meilleur, ou qu'il prie, ou qu'il
souffre dans la lumière, c'est pour tous que cela se fait. Ensemble, ils soulèvent le monde.
VI. Véronique essuie le visage de Jésus
Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes,
écrasé à cause de nos fautes. (Isaïe 53,5a)
Il y a des moments toutes les difficultés de la vie nous tombent dessus ensemble. Alors, il
y en a une, parfois toute petite, qui s'ajoute aux autres pour faire déborder le vase. Mais Dieu
est toujours là, peut-être encore plus proche de nous quand il nous sent faible. Et alors, il
suffit d'un regard de l'âme pour le rencontrer dans la paix de son silence éternel, où il y a pour
nous une fontaine de tendresse. Ces moments ne sont pas perdus pour le Ciel.
Même si les choses ne s'arrangent pas selon vos projets, il reste que vous êtes sous le Ciel du
Dieu d'amour, que c'est pour mettre vos pas dans ceux de Jésus que vous êtes allée à ceux qui
étaient « les plus abandonnés », et que tout cela ne peut pas ne pas attirer sur vous un rayon
privilégié de son amour.
VII. Jésus tombe pour la deuxième fois
C'est par ses blessures que nous sommes guéris.(2 P)
Ne vous appliquez pas à la charité fraternelle et à l'humilité; appliquez-vous à être un vase
Dieu vient demeurer ; alors la charité fraternelle et l'humilité seront les seules attitudes
possibles, que vous prendrez spontanément. Et quand vous y auriez manqué, fût-ce dix fois le
jour, ressaisissez-vous tout de suite en JÉSUS, sans violence ni impatience contre vous-même.
Saint Thomas demande si l'homme doit s'aimer lui-même d'amour de charité. Bien sûr dit-il,
puisqu'il faut aimer les autres comme soi-même.
VIII. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
Tous, comme des moutons, nous étions errants,
chacun suivant son propre chemin, (Isaïe 53,6)
Ne vous analysez pas : s'analyser c'est se trouver et se trouver c'est trouver le trouble. Tâchez
toujours de briser le cercle qui vous ramènerait pour quelque prétexte que ce soit, sur vous-
même, et partez comme une flèche vers Dieu. Un gloria Patri... dit dans la foi profonde
pacifie plus d'âmes que toutes les analyses. La réponse à tout cela est dans le mot de sainte
Catherine de Sienne que lui dit Dieu : « Occupe-toi de MOI, Je m'occuperai de toi. »
IX. Jésus tombe pour la troisième fois
Et Yahvé a fait retomber sur lui
nos fautes à tous. (Isaïe 53)
Chemin de Croix avec le Cardinal Journet
extraits du livre « Comme une flèche de feu » (Editions Ad Solem)
Vous êtes sur la bonne route :
« Va ton chemin sans plus t'inquiéter
La route est droite et tu n'as qu'à monter ».
C'est Dieu qui doit l'ouvrir devant nous chaque jour selon son bon plaisir et qui est amour.
Quand on ne voit plus rien et que tout se brouille, c'est le bon moment pour être mendiant, et
faire acte de la pauvreté d'esprit, qu'il aime par-dessus tout.
X. Jésus est dépouillé de ses vêtements
Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, (Isaïe 53,7)
Le principal est l'amour de Dieu pour Dieu, et de toutes choses, des hommes et de l'univers
pour Dieu.
XI. Jésus est crucifié
Comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir,
comme une brebis muette devant les tondeurs,
il n'ouvre pas la bouche. (Isaïe 53,8b)
Oui, c'est dans la nuit qu'il faut avancer, chacun. Avec la certitude de l'infinie tendresse de
l'Amour de Dieu pour chacun de nous, si misérables que nous soyons. C'est Lui seul qui peut,
à travers des outils aussi infimes, faire un peu de lumière pour les âmes
XII. Jésus meurt sur la croix
Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. (Isaïe 53,8a)
Surtout il nous faut jeter notre espérance comme une ancre dans le cœur de Dieu, et tirer très
fort sur la chaîne.
« Il sait ce qu'il permet1 » crit Raïssa Maritain) et quand l'épreuve est reçue dans l'humilité
et la foi de cœurs mendiants, elle prépare toujours à des résurrections.
XIII. Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère
Qui donc s'est soucié de son destin ?
Il a été retranché de la terre des vivants,
frappé à cause des péchés de son peuple. (Isaïe 53,8b)
Il semble que le bon Dieu nous demande de croire toujours plus profondément à l'efficacité de
la prière. Il faut s'y réfugier comme dans la dernière espérance : la dernière espérance ne
trompe jamais. Il n'y a rien de si grand que deux mains qui se joignent.
1 R. MARITAIN; Cf. note 1, p. 27
Chemin de Croix avec le Cardinal Journet
extraits du livre « Comme une flèche de feu » (Editions Ad Solem)
XIV. Jésus est déposé au tombeau
On l'a enterré avec les mécréants,
son tombeau est avec ceux des enrichis ;
et pourtant il n'a jamais commis l'injustice,
ni proféré le mensonge. (Is 53, 9)
Quoi qu'il en soit, l'essentiel pour vous est de garder la paix de l'équilibre intérieur. De revenir
souvent dans le silence Dieu est présent avec l'immense tendresse de son amour. C'est
surtout cela qui doit envahir l'âme, à mesure que les années avancent : une paix fondée sur
rien d'autre que la certitude infinie de son Amour ; et qu'au dernier moment, il sera pour
nous serrer sur son cœur.