Chemin de Croix avec le Pape François (2014)
X. Jésus est dépouillé de ses vêtements
« Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour
chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce
de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui
l’aura”. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : “Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré
au sort mon vêtement”. C’est bien ce que firent les soldats » Jn 19, 23-24
Ils ne laissèrent pas même un bout d’étoffe qui couvrît le corps de Jésus. Ils le dénudèrent. Il n’avait
ni manteau ni tunique, aucun vêtement. Ils le dénudèrent comme acte d’extrême humiliation. C’était
seulement le sang qui le couvrait, qui sortait à flots de ses grandes blessures.
La tunique resta intacte : symbole de l’unité de l’Église, une unité à retrouver en un chemin patient,
dans une paix artisanale, construite chaque jour, dans un tissu recomposé avec les fils d’or de la
fraternité, dans la réconciliation et dans le pardon réciproque.
En Jésus, innocent dénudé et torturé, reconnaissons la dignité violée de tous les innocents,
spécialement des petits. Dieu n’a pas empêché que son corps dépouillé fût exposé sur la croix : il l’a
fait pour racheter chaque abus injustement couvert et démontrer que Lui, Dieu, est irrévocablement
et sans moyens termes du côté des victimes.
XI. Jésus est crucifié
« Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de
chacun. C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.
L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : “Le roi des Juifs”. Avec lui,
ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Et fut accomplie l’Écriture qui dit :
Il a été compté avec les pécheurs » Mc 15, 24-28
Et ils le crucifièrent ! La peine des infâmes, des traîtres, des esclaves rebelles. Voilà la
condamnation réservée à notre Seigneur Jésus : clous rudes, douleur lancinante, le supplice de la
mère, la honte d’être uni à deux bandits, les vêtements partagés comme butin entre les soldats, les
moqueries cruelles des passants : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! …
Qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! » (Mt 27, 42)
Et ils le crucifièrent ! Jésus ne descend pas, il n’abandonne pas la croix. Il reste, obéissant jusqu’au
bout à la volonté du Père. Il aime et il pardonne.
Aujourd’hui aussi, comme Jésus, beaucoup de nos frères et sœurs sont cloués sur un lit de douleur,
dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, dans nos familles. C’est le temps de l’épreuve, dans
l’amertume des jours de solitude et aussi de désespoir. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? » (Mt 27, 46)
Que nos mains ne soient jamais pour transpercer mais pour approcher, consoler et accompagner les
malades les relevant de leur lit de douleur. La maladie ne demande pas de permission. Elle arrive
toujours de façon inattendue. Parfois elle bouleverse, limite les horizons, met à dure épreuve
l’espérance. Son fiel est amer. Mais si nous trouvons, à côté de nous, quelqu’un qui nous écoute, qui
se tient près de nous, s’assied sur notre lit… seulement alors, la maladie peut devenir une grande
école de sagesse, de rencontre avec le Dieu Patient. Quand quelqu’un prend sur lui nos infirmités,
par amour, alors même la nuit de la douleur s’ouvre à la lumière pascale du Christ crucifié et
ressuscité. Ce qui humainement est une condamnation peut se transformer en offrande rédemptrice,
pour le bien de nos communautés et de nos familles. À l’exemple des saints.